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À l’École normale supérieure
Lire : la sociologie et l’économie politique


    
En 1925-1926, Sartre prépare le certificat de philosophie générale et de logique. Il entreprend, dans ce cadre, de nombreuses lectures en épistémologie et logique, et consacre parallèlement une partie significative de ses lectures à la préparation du certificat de morale et de sociologie.

Ses lectures en philosophie morale comprennent quelques ouvrages généralistes assez récents – il est important de souligner son intérêt pour l’actualité éditoriale en général –, ainsi que des titres concernant la morale pragmatique anglo-saxonne et celle des Anciens, tels Épictète, Épicure ou Marc-Aurèle. Ayant beaucoup étudié l’histoire de la philosophie, il a assimilé la morale des philosophes au programme en même temps que les autres aspects de leur pensée.

Il aborde la sociologie par quelques manuels, et lit les textes des pères fondateurs de la discipline : Émile Durkheim, Célestin Bouglé, Georges Davy, Maurice Halbwachs, Paul Fauconnet. Il se concentre plus spécifiquement sur l’œuvre de Durkheim, auteur dont il emprunte de nombreux ouvrages. Il consulte aussi plusieurs volumes de l’Année sociologique, créée et dirigée par Durkheim. De même que pour ses lectures dans les autres domaines, Sartre lit assidûment, en rafale, un certain nombre d’ouvrages sur un sujet ou relevant d’une discipline, appartenant à une même cote sur les rayons de la bibliothèque, avant de passer à un autre centre d’intérêt sur lequel il lira selon les mêmes modalités. Cette méthode de lecture met à sa disposition aussi bien des ouvrages introductifs que des thèses très pointues en passant par les revues et les auteurs majeurs du domaine. Il obtient son certificat en juin 1926, avec la mention assez bien.
 


Dans le prolongement de ces lectures, il importe de souligner sa lecture d’ouvrages de philosophie et d’économie politiques, car on a coutume d’insister sur l’a-politisme de Sartre pendant ses années d’École. Raymond Aron était socialiste, Georges Canguilhem pacifiste, Paul Nizan a été pendant une brève période proche de l’Action française, avant de devenir proche des socialistes, puis communiste ; Sartre, quant à lui, n’a affiché aucune tendance politique à l’exception de son antimilitarisme (sa participation à la revue de l’École en 1927 en témoigne).
Si Sartre refusait de s’affilier à une tendance politique particulière à l’époque, ses emprunts montrent qu’il n’en ignorait rien d’un point de vue théorique : il a lu, en 1925-1926, Benedetto Croce, Charles Maurras, Georges Valois, ainsi que des ouvrages relatifs au matérialisme, au socialisme, au syndicalisme et au droit du travail.

Paul Fauconnet, La responsabilité,
Paris : F. Alcan, 1920.
Thèse : Lettres : Paris : 1920
Thèse 1524.

Benedetto Croce, Matérialisme historique et économie marxiste : essais critiques,
Trad. Alfred Bonnet, Paris : V. Giard & E. Brière, 1901.
Fonds Radi 77.

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