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Edwidge Danticat

Née à Port-au-Prince le 19 janvier 1969, Edwidge Dandicat vit aux États-Unis, à Brooklin, depuis l’âge de 12 ans. Elle y a fait l'expérience de la vie multiculturelle de New York. Sa parfaite maîtrise de la langue et de la culture americaines lui ont permis de faire des études supérieures.

Son premier roman, Breath, Eyes, Memory, issu de sa thèse en creative writing, est publié en 1994 et connaît immédiatement un grand succès. Écrivain anglophone, ses nouvelles et ses romans trouvent leur inspiration dans sa propre expérience familiale. Son écriture déploie deux mondes conjoints: celui de la diaspora haïtienne aux États-Unis et celui d'Haïti, au rythme de l'histoire politique, des événements et des choix que font les membres d'une même famille.

Malgré la distance et le long temps passé en dehors d’Haïti, elle est constamment hantée dans ses livres par les problèmes de son pays, qu’il s’agisse des souffrances causées par la dictature des Duvalier ou des maltraitances en tout genre subies par les femmes haïtiennes.

Elle a obtenu une bourse de la fondation McArthur en 2009 pour l’ensemble de son œuvre.


Bibliographie

  • Breath, eyes, memory, New York, Soho, 1994 [traduit en français par Nicole Tisserand : Le cri de l'oiseau rouge, Paris, Pygmalion, 1995]
  • Krik ? Krak !, New York, Soho, 1995 [traduit en français par Nicole Tisserand : Krik ? Krak !, Paris, Pygmalion, 1996]
  • The farming of bones, New York, Soho, 1998 [traduit en français par Jacques Chabert : La récolte douce des larmes, Paris, Grasset, 1999]
  • Behind the mountains, New York, Orchard Books, 2002
  • After the Dance, A walk through Carnival in Jacmel, Haiti, New York, Crown publishing group, 2002 [traduit en français par Jacques Chabert : Après la danse, au cœur du carnaval de Jacmel, Haïti, Paris , Grasset, 2004] - L F r 2397 8°
  • The dew breaker, New York, Knopf, 2004 [traduit en français par Jacques Chabert : Le briseur de rosée, Paris, Grasset, 2005]
  • Anacaona, Golden Flower, New York, Scholastic, 2005
  • Brother, I'm Dying, New York, Knopf, 2007 [traduit en français par Jacques Chabert : Adieu mon frère, Paris, Grasset, 2008] - L F r 2396 8°
  • Célimène, Conte de fée pour fille d'immigrante, traduit par Stanley Péan, Montréal, Mémoire d'Encrier, 2009
  • Eight days : a story of Haiti, New York, Orchard Books, 2010
  • Create Dangerously, The Immigrant Artist at Work, Princeton, Princeton university press, 2010 [traduit en français par Florianne Vidal : Créer dangereusement, l'artiste immigrant à l'oeuvre, Paris, Grasset, 2012] - L F r 2395 8°


Extrait

" J'ai toujours aimé les cimetières. Autels pour les vivants autant que lieux de repos pour les morts, ce sont des voies d'accès, je pense, à tout village ou ville, les meilleurs endroits pour connaître le goût des habitants présents ou passés.

Le cimetière de Jacmel n'est pas différent. Lieu pittoresque, avec son mélange disparate d'architecture ancienne et moderne, c'est en fait un carnaval de pierre. [...]

Les croix peuvent être interprétées de diverses façons : comme des symboles du christianisme, la crucifiction et la mort du Christ, comme avec les plantes de la Vierge Marie, mais aussi comme les représentation du gardien des cimetières, Baron Samedi. Baron Samedi, le dieu tutélaire, ou lwa, du cimetière, est honoré pendant les offices du jour de la Fête des Morts, célébrés dans les cimetières au début du mois de novembre. Il fait partie d'une famille d'esprit au franc-parler -au langage obscène, selon certains –, les Guédés.

Pendant mon enfance en Haïti, le dictateur « Papa Doc » s'habillait en Baron Samedi. Avec son chapeau et son costume noirs, sa queue-de-pie, il rappellait à tous les Haïtiens que c'est lui qui littéralement, détenait la clé des cimetières et pouvait décider lui-même qui en seraient les prochains habitants. (Un article du magazine Life de 1963 citait ces paroles de Duvalier : « Quand ils [les Haïtiens] me demandent « Qui est notre mère ? » je leur réponds « La Vierge ». Mais quand ils demandent « Qui est notre Père ? », alors je dois répondre : « Personne. Vous n'avez que moi. »)."


Edwidge Denticat, extrait de Après la danse, Au coeur du carnaval de Jacmel, Haïti, Grasset, Paris, 2002, p. 29-36