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Histoire naturelle

   Dans la Description de l'Égypte, l'Histoire naturelle comprend deux volumes de texte et trois volumes de planches, Vertébrés, Invertébrés, Botanique et Géologie.

   Deux naturalistes se sont partagés les travaux de zoologie. Étienne Geoffroy Saint-Hilaire s'est intéressé aux vertébrés et plus particulièrement aux reptiles et aux poissons, ces derniers lui offrant ses plus belles découvertes (dont le Polyptère bichir) ; pour la Description il reprend des articles publiés précédemment dans les Annales du Muséum et confie tardivement l'Explication de ses planches à son fils, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
   Jules-César Savigny, quant à lui, a mis le plus grand soin dans la réalisation de toutes ses planches, extrêmement précises : il a représenté un très grand nombre d'insectes et d'invertébrés marins, et a fait réaliser une série de 14 planches en couleur pour les Oiseaux (pl. 7 ci-contre).
   En revanche, il ne fournit comme texte que son Système des annélides (ses autres Mémoires sur les animaux sans vertèbres sont publiés séparément) et des extraits de son Histoire naturelle et mythologique de l'ibis parue en 1805. Malade, il est remplacé par Victor Audouin pour les explications de ses planches
.



     



                 Ibis blanc, Ibis religiosa, aujourd'hui Threskiornis aethiopicus (Latham, 1790) :
                                                                   dessin H.J. Redouté.
                     Ibis noir, Ibis falcinellus : dessin de Barraband ; gravure de Bouquet.



      Palmier doum : détail de la feuille et de la grappe
          aujourd'hui Hyphaene thebaica (L.) Mart. :
               dessin H.J. Redouté, gravure Allais



     

        La moisson des botanistes est bien moindre : Alire Raffeneau-Delile est chargé des planches, pour lesquelles il élabore une classification (Florae Aegyptiacae illustratio) et donne quelques mémoires dont la Description du palmier doum (ci-contre Botanique, pl. 3).

        Enfin, en géologie, ce n'est pas Dolomieu, mais François-Michel de Rozière qui rédige la plupart des mémoires (l'auteur du Voyage aux iles de Lipari a quitté l'Égypte dès mars 1799). Rozière a prêté une attention extrême à la réalisation de ses 15 planches de minéralogie, toutes en couleur, dont la perfection devait pallier au manque de précision des classification et nomenclature existantes
.




Quelques références bibliographiques :
- Patrice Bret, L'Égypte au temps de l'expédition de Bonaparte, 1798-1801, Paris : Hachette, 1998. (La vie quotidienne).
- Charles Coulston Gillipsie, "Aspects scientifiques de l'expédition d'Égypte (1798-1801), in  Henry Laurens, et al., L'Expédition française d'Égypte, de 1789 à 1801, Paris : A. Colin, 1989, p. 371-396.
- Yves Laissus, L'Égypte, une aventure savante : avec Bonaparte, Kléber, Menou, 1798-1801, Paris : Fayard, 1998.

Étienne Geoffroy Saint-Hilaire,
Histoire naturelle des poissons du Nil,
In : Description de l'Égypte... Histoire naturelle, T. I, Paris : Imprimerie impériale, 1809.


H AR o 6 (8) F°
Provenance : Cuvier (inventaire, MS 130, n° 2198).

    En juillet 1799, Geoffroy Saint-Hilaire avait fait une communication à l'Institut d'Égypte sur ce poisson singulier qu'il venait de découvrir. Dès son retour en France, il commence à publier les résultats de ses recherches, et notamment un article « Histoire naturelle et description anatomique d'un nouveau genre de poisson du Nil nommé Polyptère » paru en 1802 dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle.
    L'anatomie particulière de ce poisson - qui doit son nom de « polyptère » au grand nombre de ses nageoires dorsales et dont les extrémités semblent celles d'un mammifère - fut pour Geoffroy Saint-Hilaire un argument en faveur de sa théorie de l'unité de la composition anatomique.
     



                 "Polyptère bichir" (aujourd'hui Polypterus bichir Lacepède, 1803) :
                                   dessin H.-J. Redouté, gravure Bouquet
                          (Histoire naturelle. Zoologie. Poissons du Nil, pl. 3).

p. 4 et seq. : description du Polypère bichir :
« Il n'y a guère que l'ornithorhynque qu'on pourrait placer sur la même ligne, pour la singularité de ses formes.
Le bichir paraît en effet comme un composé d'élémens qu'on ne rencontre que dans des animaux plus différens les uns des autres : il tient des serpens par son port, sa forme allongée et la nature de ses tégumens ; des cétacés, en ce qu'il est pourvu d'évens ou d'ouvertures dans le crâne, par où s'échappe l'eau qui a été portée sur les branchies ; et des quadrupèdes, par des extrémités analogues aux leurs, les nageoires ventrales et pectorales étant placées à la suite de prolongations charnues. »





              Syène et les cataractes : gravure Allais
               (Histoire naturelle. Minéralogie. Pl. I)

     

François-Michel de Rozière,
De la constitution physique de l'Égypte, et de ses rapports avec les anciennes institutions de cette contrée,
In : Description de l'Égypte,... Histoire naturelle, T. II, Paris : Imprimerie impériale, 1812
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H AR o 6 (9) F°
Provenance : Cuvier (inventaire, MS 130, n° 2198).


   Dans ce long mémoire, distribué de 1818 à 1829, Rozière veut montrer l'influence des conditions matérielles et notamment de la géographie physique sur la société et la culture égyptiennes :

   « Ce n'est donc pas seulement, comme on se le persuade trop communément, les antiques monumens des arts, les faits de l'histoire, les relations des anciens voyageurs, qu'il convient de consulter ; c'est autant et peut-être plus que tout cela encore l'état physique du pays, parce que c'est là ce qui a impérieusement dicté les usages premiers, ce qui en a déterminé le caractère; et c'est là peut-être aussi ce qui s'altère le moins. »

p. 602-603 : extrait de la « Description minéralogique du banc de syénit au nord et à l'est de Syène » (5e partie, chapitre 1er).
Rozière décrit chaque type de « syénite » (roche qui tire son nom de Syène-Assouan) et son utilisation dans l'architecture ou la statuaire.

   Constatant dans son Discours sur la représentation des roches de l'Égypte et de l'Arabie par la gravure, et sur son utilité dans les arts et dans la géologie que la géologie manque d'une classification et d'une nomenclature suffisamment précises, et que la gravure pourrait y suppléer, Rozière a particulièrement veillé à la réalisation de ses 15 planches de géologie, représentant 112 échantillons. Les dessins sont principalement d'un ancien professeur de l'École des mines, Cloquet ; les gravures mêlent différents procédés « la taille, le pointillé et la pointe sèche » ; toutes les planches sont imprimées en couleur, suivant le procédé de Redouté, puis retouchées au pinceau.


                                                                                     >>> L'exemplaire de Cuvier