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Les années d’adolescence
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Après le remariage de sa mère avec Monsieur Mancy, Sartre suit le couple qui s'établit à La Rochelle en 1916. « À La Rochelle, je lisais encore des romans de cape et d’épée, des romans célèbres comme Rocambole et Fantomas, des romans d’aventures, et puis toute une littérature qui était celle de la petite bourgeoisie. Par exemple, Claude Farrère ; des écrivains qui écrivaient des histoires de voyages, de bateaux, et il y avait des sentiments […] » (entretiens Simone de Beauvoir – Jean-Paul Sartre août-septembre 1974, publiés avec La cérémonie des adieux). Il dira de cette période que ce sont les plus mauvaises années de sa vie. Mal accepté par ses camarades, mal dans sa peau, il est renvoyé à Paris par sa famille en 1920.


Il réintègre le lycée Henri IV en classe de première grâce aux relations de son grand-père. Interne, il y retrouve ses amis Nizan et Bercot qu'il a fréquentés dans l'établissement en classe de 6e et 5e. « [À ce moment-là], on a commencé à lire des choses sérieuses » (ibid.). Sous l'influence de son professeur de lettres, Monsieur Georgin, il s'ouvre avec passion à la littérature, découvrant notamment Stendhal qui devient son auteur préféré – il le lira toute sa vie –, Marcel Proust, Paul Valéry, Joseph Conrad. Son ami Paul Nizan l'initie à la lecture de Jules Laforgue et de Jean Giraudoux. « J’allais à la bibliothèque Sainte-Geneviève, et je lisais tout ce que je pouvais sur la question. J’en étais tout fier. J’ai pensé à ce moment-là entrer dans le domaine littéraire, non en tant qu’écrivain, en tant qu’homme de culture » (ibid.). Son enthousiasme lui réussit. À la remise des prix de fin d'année, Sartre est récompensé dans plusieurs matières et reçoit le prix d'excellence.


En classe de philosophie, son professeur Joseph Chabrier, surnommé « Cucuphilo » par ses élèves, lui fait apparaître la philosophie « comme la connaissance du monde » (ibid.). Mais c'est en khâgne à Louis-le-Grand, sous l'influence de Colonna d'Istria, qu'il est saisi par la lecture de l'Essai sur les données immédiates de la conscience d'Henri Bergson à l'occasion d'une dissertation sur le sentiment de « durer ». Il décide alors « d'être à la fois Spinoza et Stendhal » (ibid.).
 

Stendhal, Journal d'Italie, Éd. Paul Arbelet,
Paris : Calmann-Lévy, [1911].
(Bibliothèque contemporaine).
L F r 154 L 12°

Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience,
Paris : F. Alcan, 1889.
Thèse de doctorat : Lettres : Paris : 1889.
Thèse 777


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