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À l’École normale supérieure
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Dans ses registres d'emprunts, la Bibliothèque des Lettres garde trace des nombreuses lectures de Sartre ayant trait à la psychologie. L'intérêt qu'il porte à cette discipline, relativement nouvelle et encore en quête de reconnaissance à l'Université française, ne se démentira pas durant ses années normaliennes. Il lit, relit, les grands noms de l'époque : Théodule Ribot, Hermann Ebbinghaus, Frédéric Paulhan, Alfred Binet, Pierre Janet, Henri Piéron, etc., emprunte des numéros des deux revues françaises de référence en la matière, L'année psychologique et le Journal de psychologie normale et pathologique.
Le certificat de psychologie, obtenu en mars 1925, premier point de passage obligé dans le cursus de l'étudiant en philosophie, impose sans nul doute ces lectures, mais le choix, pour son diplôme d'études supérieures (D.E.S.), d'un sujet portant sur L'image dans la vie psychologique témoigne d'une préoccupation durable et d'un goût personnel pour la psychologie.


Concernant la période normalienne, deux autres marques d’intérêt pour le domaine de la psychologie méritent d'être signalées.
Sartre fréquente assidûment l'hôpital Sainte-Anne pour y suivre les présentations de malades organisées par le professeur Georges Dumas, il partage cet engouement avec ses camarades Nizan, Aron et Lagache. C'est d'ailleurs aux services de ce dernier, devenu psychiatre, qu'il aura recours en 1935, à Sainte-Anne, pour se faire injecter de la mescaline et expérimenter personnellement, en vue de la rédaction de L'imagination, les phénomènes hallucinatoires qui le fascinent.


L'année de l'agrégation (1928), en compagnie de Nizan, il participera à la correction de la traduction de l'Allgemeine Psychopathologie de Karl Jaspers qu'Alfred Kastler a réalisée avec J. Mendousse. Canguilhem se souvient les avoir «vus à l’œuvre, dans leur turne, ornée alors d’un portrait de Jules Romains» (Hommage à Raymond Aron, ENS, 1989). Pour Michel Contat et Michel Rybalka, « Il semble, d'après le souvenir de Sartre, que leur participation ait été bien au-delà d'une simple révision. » (Les écrits de Sartre, chronologie, bibliographie commentée).

Les registres d'emprunts ne peuvent bien sûr tout dire des lectures de Sartre entre 1924 et 1928, ainsi la bibliographie qui clôt son D.E.S. comporte-t-elle bien des titres qui n'y sont pas consignés. On notera donc, sans en tirer de conclusions hâtives, que celui qui qualifiera dans L'imaginaire les interprétations psychanalytiques de « massives, prétentieuses et absurdes » n'aura emprunté à l'ENS, de toute sa scolarité, qu'un seul livre de Freud, La psychopathologie de la vie quotidienne.

Registre d'emprunt des élèves : 1924-1925.
Archives de la Bibliothèque des Lettres.

Théodule Ribot, Essai sur l'imagination créatrice,
Paris : Alcan, 1900.
(Bibliothèque de philosophie contemporaine).
S Phi fr 1608 8°.


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