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La pierre de Rosette et les hiéroglyphes






     

   Découverte en juillet 1799, lors de travaux dans l'ancien fort de Rosette, la pierre porte une triple inscription, en hiéroglyphes, en démotique (que l'on a d'abord pris pour du syriaque) et en grec. Son importance a été comprise aussitôt pour l'étude des hiéroglyphes et la pierre est envoyée aux savants installés au Caire.

   Lorsqu'il s'est agi de la faire figurer parmi les planches de la Description de l'Égypte, le plus grand soin a été apporté à sa réalisation : la pierre est représentée en trois planches grandeur nature. Le dessin des textes grec et démotique est l’œuvre de l'ingénieur Raffeneau-Delile d'après les moulages en soufre qu'il avait exécutés en Égypte ; le dessin des hiéroglyphes est  l’œuvre de Jomard, d'après le soufre de Raffeneau-Delile qu'il confronte au moulage en plâtre qu'il réalise lui-même au British Museum en 1815 (puisque la pierre a été confisquée par les Anglais lors de la capitulation de Menou).

   Les planches sont distribuées tardivement, en 1826, alors que le débat autour de la pierre de Rosette a commencé dès 1802, mais des épreuves ont circulé auparavant, en 1810 pour le texte grec, sans doute en 1818 pour le démotique.

    Champollion publie son texte fondateur, la Lettre à Monsieur Dacier, en 1822 : la naissance de l'égyptologie en tant que science va se faire en dehors de la Description de l'Égypte
.


          Antiquités
, t. V, pl. 52, 53, 54 : Pierre trouvée à Rosette
         - hiéoglyphes : dessin Jomard, gravure Bigant
         - démotique : dessin Raffeneau-Delile, gravure Fouquet
         - grec : dessin de Raffeneau-Delile, gravure Miller et Allais


Edme-François Jomard,
Explication sommaire de plusieurs planches d'antiquités annexées au texte,
In : Description de l'Égypte,... Antiquités, Mémoires. T. I, Paris : Imprimerie royale, 1818
.

H AR o 6 (4) F°
Provenance : Cuvier (inventaire MS 130, n° 2198).

Dans ces quelques pages, Jomard rappelle les circonstances de la découverte de la pierre de Rosette, annoncée aussitôt dans le Courier de l'Égypte du 29 fructidor an VII (15 septembre 1799) ; il décrit le monument, et explique comment ont été prises les empreintes qui ont servi à la gravure des planches.
La série des 16 planches de l'inscription intermédiaire gravées au trait est due à l'initiative de Rémi Raige : l'orientaliste avait entrepris une étude du texte démotique, mais il mourut en 1810 avant de pouvoir le faire. Seul l'alphabet élaboré par Raige, bien que fautif, est joint aux planches.

Inscription intermédiaire de la pierre de Rosette, pl. 1.
Gravure de Willemin.

    




Tableau des signes phonétiques des
écritures hiéroglyphique et démotique...
Lithographie de Bernard.

     
Jean-François Champollion,
Lettre à M. Dacier,..., relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques employés par les Egyptiens pour inscrire sur leurs monuments les titres, les noms et les surnoms des souverains grecs et romains...
Paris : Firmin Didot père et fils, 1822.
1 vol. ; 8°
.

H A o 3 8°
Relié avec d'autres pièces relatives aux antiquités égyptiennes et aux hiéroglyphes.
Provenance : Cuvier (inventaire MS 130, n° 2126).

C'est dans cet ouvrage que Champollion publie sa découverte que les écritures hiéroglyphique et démotique sont à la fois idéographiques et phonétiques. Il puise de nombreux exemples dans les planches de la Description de l'Egypte « ce magnifique ouvrage ».

En effet Champollion reconnaît d'abord l'importance de la Description :
   « C'est de l'apparition du bel ouvrage exécuté par les ordres du Gouvernement français, la Description de l'Egypte, que datent seulement en Europe les véritables études hiéroglyphiques. Ce sont les nombreux manuscrits égyptiens gravés avec une étonnante fidélité dans ce magnifique recueil, ainsi que les empreintes, les dessins et les gravures plus ou moins exactes du célèbre monument de Rosette, qui seuls ont pu servir de fondement solide aux recherches des archéologues de tous les pays  » (Précis du système hiéroglyphique, 1824, p. 374-375).

Mais en 1827, jugeant que ses découvertes n'ont pas suffisamment été prises en compte, il l'attaque violemment :
   « Les trois premières [livraisons] ont paru à une époque où la science égyptienne était tout entière, selon certaines assertions du moins, dans la seule commission d'Égypte ; mais, du moment que cette science existe au dehors de la commission, sans en être sortie pour cela, il devenait convenable, pour ne pas dire nécessaire, que la Description de l'Egypte, ouvrage public, ne se montrât pas si fort au-dessous du niveau des connaissances actuelles sur le système graphique de l'ancienne Egypte : on devait d'abord rejeter tous les dessins d'inscriptions hiéroglyphiques dont la fidélité était douteuse, et celles surtout dont les nouvelles découvertes avaient d'avance démontré toute l'inexactitude. Mais on n'a nullement songé à ces suppressions ni à ces corrections... » (Bulletin des sciences historiques, antiquités, philologie, t. VII, p. 44-49).

Julius von Klaproth,
Lettre sur la découverte des hiéroglyphes acrologiques, adressée à M. le Chevalier de Goulianoff,...
Paris : Jacques-Simon Merlin, 1827.
1 vol.  ; in-8°.


H AR o 6 (2) 8°
Relié avec la Seconde Lettre sur les hiéroglyphes du même auteur, ainsi qu'avec 7 autres pièces relatives à la pierre de Rosette, aux hiéroglyphes, et au zodiaque de Dendérah.
Provenance : Cuvier (inventaire MS 130, n° 2130).

Si la Lettre à M. Dacier est l'acte de naissance de l'égyptologie, elle ne met pas immédiatement fin aux polémiques autour des hiéroglyphes et aux théories plus ou moins fantaisistes comme celle de Klaproth.
     


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